Océan & climat: un équilibre fragile

D’après Carnets de Science, la revue du CNRS.

Sous la surface calme et bleue de l’océan se cache un rouage essentiel de notre climat

Régulateur thermique, puits de carbone, producteur d’oxygène… l’océan joue un rôle vital et souvent méconnu dans l’équilibre de notre planète. Pourtant, cet équilibre est aujourd’hui mis à mal par les dérèglements climatiques provoqués par nos activités.

Dans un dossier passionnant publié dans Carnets de science, le CNRS met en lumière les dernières recherches sur la manière dont l’océan capte et stocke le carbone, les impacts du réchauffement des eaux, la perturbation des courants, ou encore l’acidification croissante des mers. Ces transformations profondes soulèvent une question cruciale : l’océan peut-il continuer à amortir nos excès ?

À travers ce billet, nous vous proposons de décrypter les points clés de ce dossier scientifique, de les relier à des enjeux concrets, et de rappeler pourquoi comprendre l’océan est plus que jamais essentiel… pour le climat, la biodiversité et l’avenir.

L’océan, acteur essentiel… mais vulnérable de la régulation climatique

Loin d’être un simple décor bleu, l’océan est un rouage clé dans la régulation du climat mondial. Grâce à ce que l’on appelle la pompe à carbone biologique, une grande partie du carbone issu de l’atmosphère est captée par le plancton, transformée en matière organique, puis entraînée vers les profondeurs.

Mais ce mécanisme, longtemps considéré comme un allié naturel contre l’effet de serre, montre aujourd’hui des signes d’essoufflement. En effet, une grande part du carbone est recyclée avant d’atteindre le fond, relâchant à nouveau du CO₂ dans l’eau au passage.

Zoom sur la “neige marine” et le rôle crucial de l’océan Austral

Ce que les scientifiques appellent « neige marine », c’est cette pluie de particules organiques issues du plancton en décomposition. Une mission récente (APERO) a permis de mieux comprendre comment ces particules sédimentent et quel rôle elles jouent dans le stockage profond du carbone.

C’est surtout l’océan Austral, autour de l’Antarctique, qui attire l’attention :
- Il absorbe à lui seul jusqu’à 40 % du CO₂ capté par les océans !
- Mais cette capacité est aujourd’hui menacée par le réchauffement climatique.

Canicules marines et stratification : un océan en souffrance

L’élévation de la température de l’eau — jusqu’à 29,8 °C relevés récemment en Méditerranée — entraîne une série de bouleversements silencieux mais profonds :

  • Des vagues de chaleur marines aux effets comparables aux canicules terrestres, provoquant des mortalités massives d’organismes marins

  • Une stratification accrue des couches d’eau (eau chaude en surface, froide en profondeur), qui freine les échanges verticaux et donc… la production de phytoplancton

Moins de phytoplancton, c’est une pompe biologique affaiblie. Et donc un CO₂ qui reste dans l’atmosphère.

Une acidification record

Autre conséquence majeure de l’absorption du CO₂ par les océans : l’acidification.
Le CO₂ dissous forme de l’acide carbonique, ce qui fait baisser le pH de l’eau de mer.

Depuis l’ère industrielle, l’acidité des océans a augmenté de 30 %.
Et si les émissions continuent, ce taux pourrait grimper à +150 % d’ici 2100.

"On assiste à un phénomène dont la rapidité n’a pas d’équivalent dans l’histoire récente de la planète", alerte Jean-Pierre Gattuso, océanographe.

En résumé

Cet article nous rappelle que l’océan n’est pas seulement un amortisseur du dérèglement climatique, il en subit lui-même les effets:

  • Moins de brassage

  • Moins de production primaire

  • Plus d’acidification

  • Et un équilibre biologique de plus en plus fragile

Pour les scientifiques, la priorité est désormais de mieux observer, modéliser et anticiper ces transformations…
Pour nous tous, l’enjeu est clair : protéger l’océan, c’est préserver notre climat.

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